Steve Guerdat entre au panthéon de la Coupe du monde aux côtés de Meredith, Marcus, Hugo et Rodrigo

Steve Guerdat est définitivement l’homme des grands rendez-vous, et il l’a à nouveau prouvé cet après-midi à Göteborg. Au terme d’une finale au suspense incroyable, le numéro un mondial a soulevé la Coupe du monde Longines pour la troisième fois de sa carrière, avec un troisième cheval, Alamo. Comme un bonheur n'arrive jamais seul, il a partagé le podium avec son compatriote et meilleur ami Martin Fuchs, magistral avec le métronome Clooney 51. Devant un public conquis, Peder Fredricson a terminé troisième avec Catch Me Not S. 



Vainqueur du Top Ten en décembre, Alamo a prouvé cette semaine qu'il avait tout pour briller en championnat.

Vainqueur du Top Ten en décembre, Alamo a prouvé cette semaine qu'il avait tout pour briller en championnat.

© Scoopdyga

Tout grand champion qu’il est, Steve Guerdat n’a pu retenir ses larmes cet après-midi à Göteborg. Pour cause, dans un Scandinavium enflammé par le public suédois, le Suisse a réalisé un sublime exploit en remportant sa troisième finale de la Coupe du monde Longines. Au départ de ce rendez-vous pour la treizième fois, le numéro un mondial est monté sur le podium à une cinquième reprise (la première date de 2007 à Las Vegas avec Tresor, avant deux deuxièmes places en 2012 à Bois-le-Duc et en 2013 à Göteborg avec Nino des Buissonnets), et pour la troisième fois sur la plus haute marche. Il y a quatre ans, Albfuehren’s Paille de la Roque l’avait en effet déjà mené au sommet à Las Vegas, avant que Corbinian n'en fasse de même la saison suivante. C’était d’ailleurs sur cette même piste ovale du Scandinavium…

Cette semaine, c’est avec Alamo que le champion olympique de Londres s’était lancé le pari de soulever la coupe. Une décision qui avait surpris. Pourquoi diable ne comptait-il pas sur l’extraordinaire Albfuehren’s Bianca ? Il s’en était expliqué, avant de démontrer par ses résultats que tous les sceptiques avaient tort. “Alamo a montré au monde qu’il faisait partie des meilleurs”, a soutenu le champion ce soir. 

Grâce à son exploit, Steve Guerdat rejoint donc ce soir le cercle très fermé des triples vainqueurs de cette compétition, aux côtés de l'Autrichien Hugo Simon, du Brésilien Rodrigo Pessoa et des allemands Meredith Michaels-Beerbaum et Marcus Ehning. La classe! À noter que le Jurassien, comme le Centaure, a remporté ce trophée avec trois montures différentes. 

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Eduardo Álvarez Aznar perd tout d'entrée de jeu

Pour sa toute première finale de Coupe du monde, Peder Fredricson s'est offert le luxe de monter sur le podium !

Pour sa toute première finale de Coupe du monde, Peder Fredricson s'est offert le luxe de monter sur le podium !

© Liz Gregg/FEI

Outre le résultat, que dire de la manière? Le fils de l’ancien sélectionneur des Bleus a permis à son hongre noir par Ukato de survoler chaque obstacle. Il y a bien eu une frayeur sur l’oxer n°11 de la première manche, mais pas de quoi entacher une prestation si parfaite. En tête à l’issue de la Chasse jeudi, le couple avait rétrogradé au troisième rang vendredi après une faute dans l’épreuve à barrage. “J’ai été un peu nerveux, car Alamo n’était pas aussi bien que la veille. Je craignais un peu son comportement après avoir ouvert son galop lors de la Chasse”, analyse Steve deux jours plus tard.

Eduardo Álvarez Aznar et Rokfeller de Pléville avaient alors repris la tête du classement général pour l’Espagne. Hélas, aujourd’hui, dès la première manche, ces deux-là ont tout perdu en renversant le n°7 puis le vertical sur bidet n°10, qui a causé de tort à tant de champions. Peder Fredricson et Beezie Madden en ont notamment fait les frais. Alors quatrième, Olivier Philippaerts a quant à lui perdu l’espoir d’un podium lorsque H&M Legend of Love a traversé la sortie de l’oxer n°8 avant de faire chuter l’obstacle suivant. 

Toujours lors du premier acte, les sans-faute de Daniel Deusser et Max Kühner ont permis à l'Allemand et l'Autrichien de grimper au classement général, troquant les dix et onzième rangs pour le quatrième ex-æquo. Sur Scuderia 1918 Tobago Z, le premier – parmi les grands favoris de l’échéance – a su saisir sa chance en réitérant un parcours immaculé qui l’a finalement conduit à la place que tous les cavaliers redoutent, la quatrième. Pourtant impeccable jusqu’alors, le second s’est écroulé au seconde acte, ne pouvant empêcher deux fautes de Chardonnay 79 en toute fin de course. 
 
Lui aussi parmi les favoris, Henrik von Eckermann n’a pas même pris le départ de la seconde manche. Après un début de championnat loupé, le Suédois a en effet concédé douze points inhabituels avec la formidable Tovek’s Mary Lou. Troisièmes des finales d’Omaha et Paris, sa brune et lui ont fait mentir le proverbe “jamais deux sans trois”. Peut-être en ont-il tout simplement trop fait depuis un an...


“Alamo ne m'a pas laissé tomber”, Steve Guerdat

Déjà deux fois sur le podium des Mondiaux à Tryon, les Suisses ont renversé la table à Göteborg, en partie grâce à Martin Fuchs et Clooney 51, deuxièmes de la finale.

Déjà deux fois sur le podium des Mondiaux à Tryon, les Suisses ont renversé la table à Göteborg, en partie grâce à Martin Fuchs et Clooney 51, deuxièmes de la finale.

© Scoopdyga

Regroupant les vingt meilleurs couples du championnat, le deuxième parcours a réservé un suspense dément au public. Il a également permis à Olivier Philippaerts de finir sur une bonne note, bien que la déception de son premier tour doive l'emporter. Avec une nouvelle faute, l’Américaine Beezie Madden n’a quant à elle pas pu inverser le sort avec Breitling LS, tenant du titre, et a terminé à la sixième place, ex æquo avec Niels Bruynseels et son fils de Toulon plein de promesses.

Daniel Deusser ayant réussi à mettre la pression sur ses adversaires, Peder Fredricson, Martin Fuchs et Steve Guerdat n’avaient plus le droit à l’erreur. Célébré à la hauteur de son talent par les tribunes, Peder Fredricson a performé sous les bruissements du public. Martin Fuchs en a fait de même sur son fils de Cornet Obolensky de treize ans. En 2017 à Omaha, le duo s’était déjà approché du podium en ravissant la quatrième place. Cette fois, le digne descendant de la dynastie Fuchs et son gris, qui lui a déjà offert l’argent individuel aux Jeux équestres mondiaux de Tryon en septembre, s’y sont fait une place. Et cette place ne laisse en aucun cas un goût amer au jeune homme de vingt-six ans : “Si je dois être deuxième derrière Steve qui en plus d’être mon partenaire d’entraînement est aussi mon meilleur ami, alors je ne garde en tête que le meilleur”.

Lorsqu’il s’agit de titres et de compétition, Steve Guerdat ne fait pas de sentiment. Alors que le public célébrait encore le sans-faute de son meilleur ami, le numéro un mondial est entré en piste avec le visage fermé et la détermination des grands jours. Ici à Göteborg, on ne sait pas si le passage des quinze efforts a été un moment suspendu dans le temps ou s’il a duré une éternité. Le résultat est le même ; Steve a levé le poing et versé une larme. “Alamo a été incroyable! Il a tout donné et ne m’a pas laissé tomber”, a-t-il lâché en conférence de presse pour remercier son surprenant hongre, vainqueur en décembre à Genève de la finale du Top Ten Rolex IJRC. 
 
Côté français, Olivier Robert a quelque peu accusé le coup sur le premier parcours, concédant trois légères fautes de Tempo de Paban. De son propre aveu, l’Aquitain a imprimé un rythme trop soutenu pour son Anglo-Arabe. Les choses se sont mieux déroulées lors du second acte puisque le couple n'a concédé que cinq points, qui l'ont mené au treizième rang. Quoi qu’il en soit, Olivier a dit avoir engrangé une grande expérience et semble plus déterminé que jamais à défendre la bannière tricolore. 
 
Le tour d’honneur mené par le triple champion Steve Guerdat a donc clôturé quatre jours de très, très grand sport au Scandinavium. Chapeau au chef de piste, l'Espagnol Santiago Varela, qui a offert un scénario exceptionnel, orchestrant une finale qui restera dans les mémoires. Place à la saison extérieure désormais, avec le souvenir d’avoir assisté à un merveilleux moment de sport. 
 
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