“D’ici la fin de l’année, j’espère être compétitive en CSI 3*”, Lou Favede

L’année 2022 s’ouvre sur un nouvel horizon pour la jeune cavalière de vingt-six ans. Après avoir quitté Nîmes et les écuries du Centaure, gérées par ses parents et son frère, Tom Favede, elle s’est installée dans sa propre structure près de Béziers et a intégralement reconstruit son piquet de chevaux. Avec ses nouvelles recrues de qualité, Lou Favede ambitionne désormais d’être performante en CSI 3*. Parallèlement, celle qui a connu le haut niveau Poney continue de s’occuper de la formation sport-étude aux écuries familiales. 



Quel bilan tirez-vous de l’année écoulée ?

Elle a été synonyme de changements. Je me suis installée avec mon conjoint (Adrien Dias, ndlr) dans une écurie de commerce près de Béziers, et j’ai dû reconstruire intégralement mon piquet de chevaux. J’avais commencé l’année avec deux très bonnes montures pour des épreuves cotées à 1,40m et 1,45m, mais toutes deux ont rapidement été vendues. Je n’ai donc pas pu concourir dans les épreuves que j’espérais. Actuellement, je suis au CSI 2* de Valencia avec un nouveau piquet de neuf chevaux. Évidemment ce sont des chevaux pour le commerce, mais aussi pour les compétitions. Nous faisons en sorte d’avoir toujours une dizaine de chevaux de sport afin de pouvoir participer régulièrement à des CSI 2* et 3*. Toute cette organisation s’est mise en place l’an dernier. En revanche, 2021 a été un peu compliquée par rapport à la crise sanitaire et à la rhinopneumonie. Par exemple, il a été compliqué et difficile de monter les chevaux de sept ans à leur niveau d’épreuve car ils n’avaient pas du tout concouru l’année précédente…

Vous êtes actuellement au CSI 2* de Valencia. Comment cela se passe-t-il?

La compétition se passe très bien. Entre une météo magnifique et des pistes parfaites, toutes les conditions sont réunies ! J’ai fait le déplacement avec neuf chevaux dont sept que je n’avais jamais montés. Nous faisons donc gentiment connaissance. Parmi eux, certains peuvent sauter des épreuves comptant pour le classement mondial Longines. Nous avons beaucoup de demandes concernant les jeunes puisqu’il s’agit chevaux de qualité. 

Quel est votre programme de compétition? Et vos prochaines échéances? 

Pour l’instant, mon programme de compétition est organisé jusqu’au mois de mai et le CSI 2* de Nîmes Centaure, qui se déroule dans les écuries de mes parents. Pour être la plus performante possible, j’ai prévu d’aller au CSI de Vidauban, qui se tiendra dans deux semaines, avant de retourner à Valencia pour les deux dernières semaines de tournée. À la mi-avril je participerai au Grand National de Vichy. Concernant les jeunes chevaux, je trouve vraiment dommage qu’il n’y ait pas de CSI pour chevaux de cinq ans en France. C’est compliqué pour les écuries de commerce comme la nôtre, car il est très difficile de participer aux épreuves de la Société hippique française, organisées en début de semaine. Nous ne pouvons pas concourir à la fois du lundi au mercredi pour les jeunes et du jeudi au dimanche pour les plus âgés... Il est impossible de nous absenter autant… Aussi, Valencia est un concours idéal pour les chevaux de cinq ans. Ils feront ensuite une pause avant de reprendre les compétitions en fin d’année. Dans le Sud, le soleil chauffe dur, alors ils se reposent en été. 

Quelles sont vos ambitions pour cette année et les prochaines?

J’ambitionne d’être performante en CSI 3*, mais je me laisse du temps puisqu’il faut d’abord que j’apprenne à connaître mes nouvelles recrues. D’ici la fin d’année, j’espère être compétitive à ce niveau-là. 

Peut-on présenter Bugatti du Lys comme votre jument de tête? Qu’envisagez-vous avec cette jument, qui a évolué jusqu’à 1,50m avec Grégory Cottard?

J’ai deux juments de tête très différentes : Jasmine et Bugatti. Bugatti est très rapide. Aussi, nous prenons essentiellement le départ des épreuves qualificatives du premier jour. Ici, à Valencia, nous avons l’opportunité de pouvoir courir avec deux chevaux dans le Grand Prix, donc Bugatti y participe. Elle est vraiment performante par sa rapidité et ses moyens, qui lui permettront de sauter au plus haut niveau. Grégory Cottard en est toujours propriétaire donc la jument est en dépôt-vente dans nos écuries.

Quid de Jasmine, que vous avez récupérée en fin d’année dernière? Comment votre couple évolue-t-il et jusqu’où pourrait-elle aller?

Nous avons acheté Jasmine pour les compétitions. À terme, nous la consacrerons à l’élevage. 

Jasmine est une jument très qualiteuse en piste mais au box, elle a un tempérament un peu difficile. Elle est très caractérielle. Je l’écoute beaucoup, et je fais en fonction d’elle. Je l’économise au maximum puisqu’elle a déjà treize ans. Je suis certaine que nous concourrons en 3* en fin d’année, et j’espère faire encore mieux l’année prochaine, mais je l’écouterai. 

© Jane Mautin



“En France, nous avons des problèmes avec les sélections”

Pouvez-vous dire quelques mots sur les jeunes chevaux que vous avez présentés pour la première fois à Valencia?

Dark Diamond Lady est une jeune jument de cinq par Dominator. Je pense qu’il s’agit du meilleur cheval que j’ai eu l’occasion de monter dans ma carrière. Nous avons beaucoup de demande pour cette jument, mais pour l’instant, elle n’est pas à vendre. Nous l’avions achetée quand elle avait trois ans, et nous l’apprécions énormément. Elle a des qualités hors norme et je pense qu’elle me permettra d’atteindre de belles échéances. Du côté des six ans, je monte une jument de propriétaire, Légende, qui évolue gentiment et a du potentiel. Elle sera soit commercialisée soit continuera le sport à mes côtés. Concernant les jeunes de sept ans, Klarina-W, qui n’est jamais beaucoup sortie en concours, a également du potentiel. Elle a besoin de prendre de l’expérience. Mon objectif n’est donc pas de la commercialiser dans l’immédiat puisque je crois vraiment en elle. Freyfaxi des Isles est un super cheval que ses propriétaires ont décidé de commercialiser. Il a de gros moyens. Je pense que lui aussi est un cheval pour le haut niveau. J’ai aussi fait le déplacement avec Jolie de Virton, sept ans, une jeune jument qui n’a pas beaucoup d’expérience en compétitions. Elle a beaucoup d’énergie et ce n’est que sa première semaine à mes côtés.

Quid des jeunes chevaux qui n’ont pas fait le déplacement à Valencia? 

Nairobi est un cinq ans qui m’appartient et en qui j’ai placé énormément d’espoir. C’est un cheval très sensible qui n’est pas encore prêt pour ce type de concours. Enfin, Capucine a été vendue. D’ailleurs elle était à Oliva dans les épreuves cotées à 1,40m, et cela se passe très bien avec sa nouvelle propriétaire. 

Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur vos activités?

J’interviens chez mes parents pour de l’enseignement, essentiellement à poney, puisque j’adore ça. Autrement, je suis maintenant à Béziers avec mon conjoint où nous sommes essentiellement orientés commerce et compétition. La crise sanitaire a beaucoup impacté le volet compétition, puisque les jeunes n’ont pas pu concourir pendant un an, ce qui les a un peu mis en retard. Aujourd’hui, je trouve que cela se ressent. Par exemple, j’ai deux chevaux de huit ans qui ne sont pas tout à fait prêts malgré leur qualité. Je croise les doigts, mais à l’inverse, le commerce n’a pas été impacté par la crise. De nos jours, les vidéos permettent aussi de maintenir une certaine activité. Et puis nous travaillons beaucoup avec des professionnels de confiance. 

Vous organisez également des stages dans les écuries de vos parents. Participez-vous au coaching de la formation sport-études?

Je m’occupe essentiellement du sport-études! J’essaie de suivre au maximum les élèves sur les concours, notamment sur les Tournée des As. Pendant les vacances scolaires, j’essaie d’être présente pour donner un maximum de stages.

À quoi ressemble votre planning hebdomadaire?

Je m’occupe très peu de la partie commerce, qui est gérée par mon conjoint. Je suis davantage cavalière et compétitrice. J’ai environ quinze chevaux dans mes écuries. Aussi, je monte toute la journée le lundi et le mardi. Le mercredi, je donne des cours au Centaure ou sur place à Béziers. Ensuite, du jeudi au dimanche, je suis en compétition.

Quel est votre regard sur la filière équestre, et notamment sportive? Que souhaiteriez-vous changer?

En France, nous avons des problèmes avec les sélections. Bien qu’elle soit très performante sur beaucoup de choses, la Fédération française d’équitation ne fait pas toujours bien son travail. Je pense que cela pourrait être mieux organisé. J’aimerais également voir évoluer notre Comité régional d’équitation d’Occitanie. Il y a quelques années, c’était vraiment très bien organisé: les CRE proposaient des stages, entre autres activités. Par exemple, lorsque j’étais plus jeune, j’avais participé à un stage chez Kevin Staut! C’était une fabuleuse expérience. Il y avait beaucoup plus d’activités… Aujourd’hui, il n’y a plus aucune ouverture vers le haut niveau pour les jeunes cavaliers prometteurs, ce que je trouve dommage.

Par ailleurs, notre sport est quand même bien à part dans le monde actuel. Évidemment, la crise sanitaire ne nous a pas épargnés, mais on ne peut pas dire que nous ayons été réellement touchés par la pandémie. Cela ne nous a pas empêchés de monter et vendre des chevaux. En revanche, l’an dernier, la rhinopneumonie (HVE-1, ndlr) a été un épisode plus compliqué. Personnellement, je n’ai pas été touchée, mais beaucoup de chevaux ont été contaminés. Ici, à Valencia (d’où l’épizootie était partie il y a un an, ndlr), les protocoles sont respectés, les températures sont prises et le passe vaccinal est demandé. Tout est mis en place pour éviter les contaminations.