“J’attendais une victoire en CSIO depuis trente ans”, Max Thirouin

Choisi pour remplacer Robin Le Squeren, dont le meilleur cheval Dorado de Riverland vient d'être vendu, dans la Coupe des nations du circuit Longines EEF à Lisbonne vendredi, Max Thirouin a contribué à la deuxième place glanée par l’équipe de France aux côtés de Cédric Hurel, Aurélien Leroy et Olivier Perreau. Associé à sa fidèle Utopie Villelongue (SF, Mylord Carthago x Calypso d’Herbiers), le Tricolore s’est offert deux jours plus tard la victoire du Grand Prix CSIO 3* en signant l’unique double sans-faute de l’épreuve. Retour sur un week-end riche en succès.



Quel bilan général faites-vous de votre week-end au CSIO 3* de Lisbonne ? 

Je suis sur un petit nuage. Comme je l’ai dit à beaucoup d’amis à l’issue de ce concours, j’attendais cela depuis trente ans. Une victoire dans un Grand Prix CSIO reste marquée à vie, d’autant plus qu’il s’agissait cette année de la centième édition du Grand Prix du CSIO de Lisbonne. C’est énorme ! Plusieurs cavaliers m'ont écrit pour me féliciter après cette victoire et cela m'a beaucoup touché. Quand je pense qu’il y a un mois, je ne pouvais pas marcher (le Francilien a été victime d’une déchirure du psoas début avril, ndlr), c’est d’autant plus gratifiant. Je n’ai été autorisé à remonter à cheval que quelques jours avant le Grand National de Tour Pernay qui s’est tenu mi-mai et même si je prenais quelques risques risques en y participant, j’ai terminé sixième du Grand Prix Pro Élite. Édouard Couperie (sélectionneur adjoint de l’équipe de France de saut d’obstacles, ndlr) m’a donc appelé pour remplacer un cavalier dans la Coupe des nations et les planètes se sont alignées. C’était un excellent week-end, nous avons partagé de très beaux moments avec toute l’équipe. 

Êtes-vous satisfait de votre prestation et du comportement d’Utopie Villelongue dans la Coupe des nations, où vous avez réalisé un premier parcours sans-faute et écopé de quatre points de pénalité dans la seconde manche ? 

Utopie a été parfaite, elle s’est donnée à cent pourcent tout au long de l’épreuve. Je m'attribue l’entière responsabilité de la faute commise dans la seconde phase. Il était initialement prévu que nous fassions huit foulées avant le double et j’ai finalement voulu en rajouter une neuvième, ce qui fait que je l’ai un peu ralentie et au dernier moment, je me suis dit que cela allait être un peu juste étant donné que les obstacles étaient tout de même imposants. J’ai pensé qu’il fallait que je l’aide à couvrir la largeur et je l’ai montée un peu trop fort à l’abord, ce qui était une erreur. Néanmoins, après la Coupe des nations, j’étais persuadé de pouvoir réaliser une bonne performance dans le Grand Prix.

Vous êtes le seul à être parvenu au double sans-faute dans le Grand Prix qui se disputait en deux manches. Pour quelle stratégie avez-vous opté ? 

L’épreuve était délicate, mais ma jument a une fois de plus répondu présent. Avant de m’élancer dans la seconde manche, je me suis dit que j’allais me comporter comme dans un barrage à douze et tout donner pour être plus rapide que les autres, sans craindre d’éventuelles fautes. De toute façon, j’étais sûr qu’Utopie n’allait pas en commettre. Voyant qu’il n’y avait encore aucun sans-faute avant mon entrée en piste, Édouard Couperie m'a conseillé de m'en tenir à mon plan et je suis parti dans l’optique de mettre la pression à la Belge Gudrun Patteet, qui allait être la dernière à s’élancer juste après moi. De nombreux concurrents ont pêché sur la palanque, ainsi que sur le dernier obstacle. Souvent, les gens me disent que je ne suis pas capable de passer le dernier (rires), mais cette fois-ci, c’est passé à deux reprises et c’est vraiment agréable, car Utopie mérite de faire de grandes choses. La dernière fois qu’elle avait remporté à une épreuve à 1,60m, c’était à Rouen en 2019, dans le Grand Prix du CSI 4*.  Lors de notre dernière sélection en équipe de France à Gijon, en Espagne (pour la Coupe des nations du CSIO 5* en 2019, ndlr), elle n’avait pas touché une seule barre. Nous avions fauté deux fois sur la rivière, probablement par ma faute, mais depuis, nous avons réussi à remédier à ce problème et cela ne s’est pas reproduit à Lisbonne.  



Grâce aux résultats obtenus à Lisbonne, Max Thirouin espère pouvoir prendre part cette année au CSI 5* de Dinard, son concours favori.

Grâce aux résultats obtenus à Lisbonne, Max Thirouin espère pouvoir prendre part cette année au CSI 5* de Dinard, son concours favori.

© Sportfot

Espérez-vous que ces bons résultats vous ouvrent quelques portes dans les mois à venir ? Ambitionnez-vous notamment de participer à nouveau à des CSI 5* avec Utopie ? 

J’ai assez d’expérience aujourd’hui pour savoir qu’il ne sert à rien de s’attarder sur des hypothèses. Au lieu de cela, je travaille. Utopie devait déjà participer au CSI 3* de Cabourg Classic (programmé du 3 au 5 juin, ndlr), mais j’estime qu’elle mérite un peu de repos. Comme je l’ai toujours dit, le CSI 5* de Dinard est mon concours fétiche. C’est selon moi le plus beau concours et le terrain sur lequel j’ai le plus d’émotions. J’espère donc que les résultats obtenus à Lisbonne me permettront d’y participer cette année. La première fois que j’ai foulé la pelouse de Dinard, c’était avec un cheval nommé Ignace B et nous avions remporté le Derby. Je devais avoir dix-sept ans à l’époque et je me souviens d’une émotion extrêmement intense. C’est un lieu mythique qui m’a marqué au plus haut point. 

Utopie Villelongue est aujourd’hui âgée de quatorze ans. Préparez-vous déjà sa relève ? 

Absolument. Néanmoins, investir dans un cheval de huit ans est aujourd’hui trop coûteux. J’ai essayé d’acheter des chevaux d’âge, mais j’ai eu une très mauvaise expérience avec un marchand Belge et je ne souhaite pas retenter tout de suite. Je suis donc en train d’acquérir des jeunes chevaux de quatre, cinq et six ans. J’ai cependant la chance d’avoir acheté à Simon Lorrain un cheval nommé Frenchy Méniljean (SF, Diamant de Semilly x Muguet du Manoir), aujourd’hui âgé de sept ans et qui pourra donc épauler Utopie l’année prochaine. Je pense que c’est un crack. Je peux aussi compter sur un six ans nommé Gorille d’Oral (SF, Galopin du Biolay x K Zostara 56). J’ai signé un partenariat avec ses naisseurs et comme il s’agit d’un étalon qui fera la monte, je devrais pouvoir le conserver assez longtemps. J’ai également un lot de cinq ans exceptionnels. 

Quel est votre programme pour les semaines à venir ? 

Utopie participera au CSI 3* de Compiègne Classic du 17 au 19 juin. Ensuite, nous irons au CSI 3* de Royan. Il faudrait que j’arrive à participer encore à quelques étapes du Grand National, dans lequel je fais équipe avec Swann Bourven (membre de l'équipe lauréate de la Coupe des nations EEF d'Uggerhalne et troisième du Grand Prix fin mai, ndlr) et Ilona Mezzadri, mais je ne peux pas les faire toutes étant donné que je n’ai qu’une seule jument. L’idéal serait d’arriver à faire comme Mathieu Billot qui, en un seul week-end, est parvenu à concourir dans le CSIO 5* de Rome et à disputer le Grand Prix du Grand National de Canteleu. Mais pour cela, il faut plusieurs chevaux d’âge. Néanmoins, toutes les montures que j’ai emmenées à haut niveau au cours de ma carrière sont des chevaux ayant débuté sous ma selle très jeunes et que j’ai formés de A à Z. J’ai donc bon espoir vis-à -vis des jeunes que je suis en train de former.