Pour Cayman Jolly Jumper, 2022 a été l’année de la révélation

Durant la période des fêtes, GRANDPRIX revient sur les événements, les faits, les femmes, les hommes et les équidés qui ont marqué 2022. À seulement dix ans, Cayman Jolly Jumper a réalisé une saison tout bonnement époustouflante sous la selle de Simon Delestre, terminant notamment septième en individuel des championnats du monde de Herning cet été. Retour sur le parcours de ce cheval hors du commun, qui semble promis aux plus beaux succès et est la révélation de l'année 2022.



Nathalie Chevalier a vu le légendaire Hickstead lors de sa victoire dans le Grand Prix du CSIO 5* de La Baule.

Nathalie Chevalier a vu le légendaire Hickstead lors de sa victoire dans le Grand Prix du CSIO 5* de La Baule.

© Scoopdyga

Fougueux, fou furieux, sensible, délicat, généreux… autant d’adjectifs qui ont pu être utilisés pour qualifier Cayman Jolly Jumper. Né au haras Jolly Jumper en mai 2012, le bai brun est issu d’une souche anglo-arabe et sa mère, Riva de Pléville, a elle-même concouru en épreuves de saut d’obstacles jusqu’à 1,30m sous la selle de la naisseuse du crack, Nathalie Chevalier. Surtout, la fille du Holsteiner Quaprice Bois Margot*Quincy a été croisée à l’extraterrestre Hickstead pour donner naissance au nouveau cheval de tête de Simon Delestre. Médaillé de bronze en individuel aux Jeux panaméricains en 2007, le légendaire et regretté KWPN avait surtout permis à Eric Lamaze de remporter l’or olympique individuel l’année suivante à Hong-Kong, mais aussi la plupart des plus importants Grands Prix CSI 5* de la planète, à l’instar de ceux d’Aix-la-Chapelle, Genève, Calgary, Rome ou encore La Baule. S’il a toujours affiché un tempérament explosif, Cayman Jolly Jumper n’avait rien d’un poulain difficile, se révélant même attachant et singulier selon Nathalie Chevalier, “il n’a jamais posé de problème: il était respectueux, intelligent et surtout très sensible. Ses seules particularités, outre son énergie débordante, étaient de passer énormément de temps assis et d’être parfois un peu spécial au moment du repas: il ne supportait pas qu’on l’approche.”



Duarte Romão, un maillon très important dans la progression du crack

C’est sous la selle de Paco Manadou Diouf que le fils de Hickstead a fait ses débuts en compétition, signant dix sans-faute en autant de parcours à quatre ans. “Assez turbulent” à cet âge, de l’aveu même de sa naisseuse, le bai brun est placé à l’essai chez la championne olympique par équipes Pénélope Leprévost en fin d’année 2016, et crois dans ses écuries la route d’un certain Duarte Romão, alors peu séduit par le cheval.  “Je l’ai essayé alors qu’il était encore entier. Il avait beaucoup de caractère, mais Pénélope avait vu son potentiel. Compte tenu des difficultés de gestion dont nous avions eu vent, il est reparti. Honnêtement, j’étais soulagé!”, rit-il. Après un retour dans les écuries de Paco Manadou Diouf, puis des passages plus ou moins longs sous les selles de Mathieu Bourdon et Alexa Ferrer, Cayman Jolly Jumper retrouve le cavalier portugais, dont l’équitation de grande qualité est saluée par beaucoup, en juillet 2019. Associé à lui jusqu’au printemps 2020, il rejoint ensuite le champion olympique Steve Guerdat, avec lequel il prend part à ses premières épreuves à 1,45m, mais quitte le Suisse en octobre 2020, pour finalement effectuer son ascension vers le haut niveau avec… Duarte Romão bien sûr! Après une quatrième place dans un Grand Prix CSI 2* à Royan début 2021, ils prennent part à leur premier Grand Prix CSI 4* à Bourg-en-Bresse et n’y écopent que d’une faute. Le point d’orgue de leur saison intervient au moins de juin avec une victoire dans le Grand Prix du CSIO 3* de Kronenberg.



Des performances très prometteuses à La Baule

Digne fils de son père, Cayman Jolly Jumper s'est montré plus qu'à son aise lors du CSIO 5* de La Baule, en mai.

Digne fils de son père, Cayman Jolly Jumper s'est montré plus qu'à son aise lors du CSIO 5* de La Baule, en mai.

© Scoopdyga

C’est en fin d’année 2021 que le jeune hongre, alors âgé de neuf ans, arrive dans les écuries de Simon Delestre, qui ne tarit pas d’éloges à propos de son complice. “Il est beaucoup plus intelligent que la moyenne. Ryan, qui l’est aussi, se serait peut-être comporté de cette manière s’il avait vécu une mauvaise expérience ou autre. L’ayant récupéré à cinq ans, j’avais pu le construire moi-même. Cayman, lui, avait neuf ans et déjà de belles performances à son actif avec Duarte Romão, donc j’ai passé beaucoup de temps à le décoder. Il peut devenir agressif quand il a peur. Petit à petit, j’ai donc fait en sorte qu’il prenne confiance. Audrey (Morandat, fidèle groom des chevaux de Simon depuis un peu plus de quatre ans, ndlr) a accompli un travail remarquable avec lui, en main et aux écuries. […] Il m’a procuré dès le départ un sentiment incroyable à l’obstacle, même quand je ne parvenais pas à le contrôler. Sa qualité de saut est extrêmement rare. Il pourrait franchir des tours à 1,80m ou n’importe quelle combinaison sans effort”, confiait le Lorrain dans une interview parue dans le dernier numéro du magazine GRANDPRIX, à découvrir ici

Dès le départ, Cayman Jolly Jumper excelle avec l’ancien cavalier de Qlassic Bois Margot ou encore Ryan des Hayettes, remportant un Grand Prix à 1,60m au CSI 5*-W de la Corogne en décembre 2021, quelques semaines seulement après son arrivée chez lui. Auteur de parcours à quatre points dans les épreuves reines des CSI 5* de Bois-le-Duc et Grimaud en début de saison 2022, le couple se fait particulièrement remarquer lors du CSIO 5* de la Baule, en mai. Là-même où son père avait ébloui le monde du saut d’obstacles en sautant carrément un chandelier en deuxième manche pour s’imposer dans le Grand Prix du concours en 2011, le hongre signe un très bon sans-faute dans le deuxième acte de la Coupe des nations, après avoir concédé un premier parcours à huit points, et termine ensuite septième de l’épreuve reine en n’écopant que d’une faute lors de leur deuxième passage. “Cayman a été époustouflant, réagit alors le vice-champion du monde par équipes de 2014. C’est dommage cette faute (sans elle, le Lorrain aurait pu l’emporter, ayant été plus rapide que la lauréate Beth Underhill, ndlr), mais c’est le jeu. Mon cheval a été fantastique, de la Coupe des nations à cette deuxième manche du Grand Prix aujourd’hui. Vendredi, il s’agissait surtout de prendre nos repères à ce niveau-là, et aujourd’hui ç’a été une nouvelle fois fantastique! C’est un vrai phénomène, un crack comme on n’en voit pas souvent… C’est un cheval explosif et pour lequel la hauteur des barres ne change absolument rien. Il est tellement énergique et dispose de moyens surdimensionnés! C’est impressionnant.” 



“Quelque chose de grand”, Simon Delestre

À Barcelone aussi, Cayman Jolly Jumper a brillé en réalisant un double sans-faute.

À Barcelone aussi, Cayman Jolly Jumper a brillé en réalisant un double sans-faute.

© Scoopdyga

S’en suit un génial double sans-faute dans la Coupe des nations du CSIO 5* de Rome, sur la mythique Place de Sienne, puis un nouveau double clear dans l’épreuve par équipes du CSIO 5* de Rotterdam. Début juillet, le fils de Hickstead termine encore neuvième du Grand Prix du CSIO 5* de Knokke en ne mettant qu’une barre à terre, et est alors sélectionné pour les championnats du monde de Herning. Quelques jours après cette performance, le 15 juillet très exactement, la sécurisation du crack en vue des Jeux olympiques de Paris 2024 est annoncée, la société H-Jumping créée par Nicholas Hochstadter devenant propriétaire majoritaire du hongre et Philippe Berthol, à qui il appartenait jusqu’alors en totalité, en restant copropriétaire minoritaire. Lors des Mondiaux de Herning, Cayman Jolly Jumper signe une performance de très haute volée pour un cheval de dix ans, éblouissant notamment le stade de toute sa classe lors de la finale individuelle et terminant septième de cette échéance. “Je pense que Cayman a réalisé un championnat exceptionnel, s’exprime cette fois son cavalier. Nous avions d’énormes espoirs placés en lui. […] Ce qu’il accomplit aujourd'hui, avec une telle aisance sur ces parcours très difficiles, est assez déroutant. Il a toutes les qualités pour réaliser une carrière exceptionnelle: l’intelligence de Hermès Ryan des Hayettes, la puissance de grands chevaux comme Berlux, le courage, l’envie... C’est tellement rassurant quand on est cavalier. Il a évolué si vite en quelques mois. Il se met encore un peu la pression, il me fait confiance, mais il manque un peu de confiance en lui. Plus il va répéter, plus il va comprendre qu’il n’a pas besoin de cette pression pour sauter. Il a seulement dix ans et c’est sa première saison à haut niveau. C'est difficile de trouver les mots,  il répète les parcours avec une telle classe... C’est quelque chose de grand!” 

Après un bon break d’un mois et demi, durant lequel il ne saute que deux parcours à 1,45m et 1,55m lors d’un CSI 4* à Grimaud, le bai brun réalise un nouveau double sans-faute en Coupes des nations – le troisième de sa saison 2022, qui l’a vu livrer six parcours parfaits en huit parcours d’épreuves par équipes courus – lors de la finale du circuit à Barcelone, où il œuvre ainsi grandement à la deuxième place de la France le 2 octobre. Pas moins performant en indoor que sur les vastes pistes extérieures, il prend la septième place de l’étape de la Coupe du monde de Lyon à la fin du même mois en n’écopant que d’un point de pénalité pour temps dépassé. Fin novembre, il termine troisième du Grand Prix CSI 5*-W de Madrid après avoir réalisé un double sans-faute, et conclut ensuite l’année 2022 au CHI de Genève, terminant deuxième de la finale du Top dix IJRC puis cinquième du Grand Prix étape du Grand Chelem Rolex en signant de nouveaux deux parcours parfaits! Auteur de fabuleuses performances tout au long de la saison, Cayman Jolly Jumper est donc définitivement la révélation 2022 du saut d’obstacles français, voire mondial, et semble promis à de plus beaux succès encore.



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