“Les sélections pour les championnats d’Europe approchent donc je m’applique pour faire bonne impression”, Dylan Levallois

Vainqueur l’an passé du championnat des As à Macon avec Artiste de l’Abbaye, Dylan Levallois a entamé cette année sa dernière saison sur le circuit Jeunes cavaliers. À vingt et un ans, le fils de Richard et Anne Sophie Levallois, éleveurs des chevaux à l’affixe de Semilly, poursuit progressivement son ascension vers le haut niveau. Fin avril, le jeune Normand remportait notamment sa première de Coupe des nations Séniors lors du CSIO 3* de Gorla Minore, en Italie, aux côtés d’Olivier Robert, Jules Orsolini et William Ligier de La Prade. Engagé à Cabourg Classic, le cavalier a livré ses impressions sur la compétition à laquelle il participait pour la première fois, et a confié ses ambitions pour son avenir sportif et celui de l’élevage familial. 



Comment se déroule votre week-end à Cabourg ?

C’est la première fois que je viens à Cabourg Classic. C’est un très beau site et les pistes sont très bonnes. Ce week-end, j’ai emmené cinq chevaux, dont trois engagés dans le CSI 3*. Le week-end s’est plutôt bien déroulé. J’ai réussi à me qualifier le premier jour avec Artiste de l’Abbaye (SF, Quaprice Bois Margot x Jus de Pomme) pour le Grand Prix du CSI 3*. Avec mes deux autres chevaux, j’ai couru de plus petites épreuves, à 1,35m et 1,40m, et malgré le fait qu’ils n’aient pas encore beaucoup de métier, ils progressent bien, notamment Djeddah Semilly, un fils d’Action Breaker de dix ans. Il a débuté le travail très tard et commence tout juste à courir les 1,40m. À Saint-Lô déjà, il s’était classé sur ses premières épreuves à cette hauteur, et en a refait ce week-end. Je suis content car il est prometteur et va bientôt pouvoir s’initier sur des parcours à 1,45m pour venir épauler Artiste dans les plus grosses épreuves. Actuellement, mon problème, est que je n’ai qu’un cheval pour ces épreuves-là. J’ai réussi à me qualifier le premier jour, car tous les couples sans faute étaient qualifiés, mais si ça n’avait pas été le cas, j’aurais dû refaire l’épreuve à 1,50m de vendredi (le prix Defender, remporté par le Belge Constant van Paesschen, ndlr), en plus du Grand Prix, ce qui aurait fait beaucoup pour un même cheval. Pour les épreuves réservées aux sept ans, j’ai emmené deux très bons chevaux. L’un deux est un fils de For Pleasure par Diamant de Semilly, qui s’appelle Good Pleasure Semilly, et qui fait de la reproduction. Le premier jour, nous avons écopé de quatre points, tout comme le deuxième, et je l’ai un peu mal monté dans le Grand Prix, mais c’est un cheval très prometteur. Mon autre cheval de sept ans, Genesis Semilly, est un fils de Diamant. Il est un peu plus tardif que l’autre et ne fait pas encore de reproduction. Le premier jour, nous étions sans faute, et le second, nous avons fait tomber une petite barre. Dans le Grand Prix, il a vraiment très bien sauté. Il a passé un cap récemment, donc je suis très content de lui.

Que pensez vous de l’ambiance de Cabourg Classic ?

Il s’agissait de ma première fois ici, mais j’ai déjà participé à plusieurs concours organisés par GRANDPRIX. Ces derniers sont à chaque fois bien organisés et les épreuves sont toujours à l’heure. De même chaque soir, il y a des choses organisées pour passer de bons moments donc c’est vraiment chouette. Ce qui est bien aussi dans ces concours-là, c’est qu’il y a toujours plusieurs Jeunes Cavaliers, que l’on retrouve d’une compétition à l’autre donc c’est sympa. L’occasion nous est donnée de nous réunir le soir et profiter de moments ensemble. Nous formons une super bonne équipe et nous entendons tous bien. Par exemple, ce week-end, j’ai passé beaucoup de temps avec Jean-Alexandre Legras, Jules Orsolini et Antoine Ermann, qui n’est plus sur le circuit Jeunes Cavaliers mais qui reste de notre génération. Je trouve ça vraiment cool de pouvoir se réunir dans de telles compétitions.



Quel a été votre parcours avec Artiste de l’Abbaye ?

J’ai commencé à le monter en juillet 2021. Nous avions commencé ensemble avec le Grand National de Notre-Dame d’Estrées (où le couple avait débuté sur des épreuves Pro 2, ndlr). En fin d’année, j’ai débuté avec lui mes premières épreuves à 1,45m, et 2022 a ensuite été l’année où nous avons commencé à percer. Depuis janvier, nous démarrons les plus grosses épreuves ensemble, avec des parcours à 1,50m et 1,55m. Les sélections pour les championnats d’Europe approchent, alors j’essaye de m’appliquer pour faire bonne impression.

Quels sont vos objectifs pour cette année en plus des championnats d’Europe ?

J’espère engranger de l’expérience. En ce moment, j’ai onze chevaux chez moi, qui sont en majorité mûrs. Trois ont sept ans, dont les deux que j’ai emmené à Cabourg Classic, en plus d’une jument qui a un peu moins de métier mais qui est tout aussi talentueuse. L’objectif à long terme est d’avoir un bon piquet de vieux chevaux, et d’essayer de faire du commerce pour que ce soit rentable. Pour l’année prochaine, nous allons essayer de trouver un système qui allie jeunes et vieux chevaux. J’aimerai faire le circuit jeunes avec les chevaux de l’élevage familial. Pour ma dernière année parmi les Jeunes cavaliers, j’ai préféré me concentrer sur les plus vieux chevaux pour faire des CSI et prendre de l’expérience.

Avec qui vous entraînez-vous ? 

En temps normal, je m’entraîne avec Alexis Gautier (cavalier professionnel installé dans la Manche, ndlr), mon premier coach, qui m’a appris toutes les bases, mais ce week-end, j’ai travaillé avec mon oncle Éric (Levallois, champion du monde par équipes à Jerez de la Frontera, en Espagne, avec Diamant de Semilly, ndlr). J’aime beaucoup travailler avec lui, il est très rigoureux, me donne de très bons conseils au paddock, ce que j’apprécie énormément. Je trouve par ailleurs que c’est toujours chouette de travailler en famille.

Dylan Levallois et Artiste de l'Abbaye évoluent ensemble depuis juillet 2021.

Dylan Levallois et Artiste de l'Abbaye évoluent ensemble depuis juillet 2021.

© Sportfot



“Monter des chevaux de l’élevage familial et essayer de les mettre en valeur est une véritable fierté”

En parlant de famille, votre cousine Charlotte Spaas Levallois est également compétitrice, récemment remarquée lors du championnat de France Pro Élite…

Oui, Charlotte est également engagée dans le CSI 3*. Quand nous étions jeunes, nous ne nous croisions pas beaucoup en dehors des fêtes de familles, mais maintenant que je tourne également sur les CSI 3*, nous nous croisons plus souvent, ce qui est très sympa.

Fin avril, vous avez remporté l’étape de Coupe des nations de Gorla Minore, aux côté d’Olivier Robert, Jules Orsolini et William Ligier de la Prade. Comment avez-vous vécu cette compétition ?

Il s’agissait de ma première Coupe des nations Séniors. Nous étions trois jeunes cavaliers dans l’équipe, donc nous ne partions pas vraiment favoris, mais ça s’est très bien déroulé. Olivier Robert et Iglesias D.V. (KWPN, Quasimodo van de Molendreef x Labor’s VDL Indorado), qui étaient notre premier couple à s’élancer, ont signé un double sans-faute. Une fois ses tours terminés, il venait nous voir au paddok pour nous encadrer et nous prodiguer des conseils, ce qui nous mettait en confiance. Dans la première manche, j’ai fait huit points, donc j’étais un peu déçu, sachant que tous les autres avaient bouclé des parcours sans faute. Je suis donc parti sur mon deuxième tour en me disant que je devais me rattraper. J’ai donc essayé de ne pas commettre les mêmes fautes que dans la première manche et ça a fonctionné. Nous avons gagné et c’était vraiment un très bon moment.

Cette performance vous a-t-elle ouvert de nouvelles portes ? 

Je ne trouve pas spécialement. En revanche, mon titre de champion de France l’année dernière m’a donné plus de visibilité (le Normand a remporté l’édition 2022 du championnat des As, à Macon fin mai, avec Artiste de l’Abbaye, ndlr). Après ça, j’ai pu être accepté dans des CSI 3*. Dans ce genre de concours, on prend de l’expérience et on peut emmener plus de chevaux, ce qui est vraiment bien pour progresser.



Vous êtes le fils de Richard et Anne-Sophie Levallois, éleveurs des chevaux à l’affixe de Semilly, et vous montez vous-même beaucoup de chevaux issus de l’élevage familial. Est-ce une fierté pour vous de perpétuer ainsi l’héritage légué par votre grand-père, Germain ?

Bien sûr, monter des chevaux de l’élevage familial et essayer de les mettre en valeur est une véritable fierté. Quand d’autres cavaliers sont là avec un cheval issu de l’élevage familial, comme Pénélope ce week-end (la cavalière était engagée dans certaines épreuves du CSI 3* avec Djagger Semilly, qui a notamment terminé huitième du Prix Defender à 1,50m le vendredi, ndlr), je suis toujours sur le bord de la piste pour regarder.

Pensez-vous reprendre un jour le flambeau ? 

Pour l’instant je monte les chevaux de l’élevage, et dans les années qui arrivent, l’objectif sera de reprendre la partie écurie de concours. Ensuite, je reprendrai au fur-et-à-mesure l’élevage. Je suis moins intéressé par la partie gynécologie, dans laquelle est spécialisé mon père, mais j’ai une réelle appétence pour la génétique et tout ce qui touche aux croisements. J’ai également un frère qui étudie en école de commerce, et qui souhaite rejoindre l’entreprise familiale après avoir terminé son diplôme en septembre.

De votre côté, suivez-vous des études en parallèle ? 

J’ai passé un bac scientifique par voie classique, en allant au lycée, avant de débuter un BTS en production animale à Saint-Lô. J’étais en présentiel, don cela ne me laissait pas beaucoup de temps pour monter mes chevaux, puis le Covid-19 est arrivé, et j’ai donc poursuivi ma formation à distance, avec un établissement situé à Dijon. J’ai validé mon diplôme en juin dernier, et depuis, je me concentre sur les concours.

Avez-vous d’autres passions en dehors de l’équitation ? 

J’aime beaucoup le sport en général. Quand j’étais jeune, j’ai pratiqué pas mal de sports différents, dont du foot et du tir-à-l’arc, qui m’ont particulièrement plu. Aujourd’hui je n’ai plus le temps de pratiquer une autre activité sportive en dehors de monter cheval, mais il m’arrive tout de même d’aller courir ou de faire un peu de vélo pour maintenir une bonne condition physique.



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