Pieter Devos et Toupie de la Roque étourdissent Bâle et la Coupe du monde

Pieter Devos et Toupie de la Roque ont gagné le Grand Prix Coupe du monde Longines de Bâle cet après-midi en Suisse. Au terme d’un barrage à huit, le Belge et l’incroyable Selle Français de dix-sept ans ont devancé d’un peu plus de trois secondes la Suissesse Janika Sprunger et Orelie, créditées du seul autre double sans-faute de l’épreuve. La troisième place est revenue à l’Autrichien Max Kühner sur EIC Cooley Jump the Q. Pénalisés de quatre points au tour initial, Kevin Staut et Visconti du Telman ont signé la meilleure performance tricolore, se classant treizièmes.



Étourdissante. Voilà un adjectif qui colle bien à la peau de Toupie de la Roque. Au-delà du jeu de mots lié à son prénom, cette Selle Français par Kannan et une mère par Nabab de Rêve née au haras de la Roque, l’ancien élevage d’Alexandrine Bonnet Dian et Michel Hécart, demeure si tonique et vaillante que ses performances en donnent le tournis à ses fans. Fait assez remarquable, il aura fallu attendre un peu plus de six ans pour la voir à nouveau gagner un Grand Prix Coupe du monde Longines. En décembre 2017, de façon magistrale et un peu à la surprise générale, elle s’était imposée à Londres, menée de main de maître par un certain Julien Épaillard. Éclatante de puissance et de volonté, celle qui avait été formée par Michel Hécart, de 2013 à 2017, semblait alors promise aux plus grands rendez-vous, y compris ceux de l’équipe de France. Hélas, après avoir offert à Julien, qui envisageait de la monter en finale de la Coupe du monde à Paris, deux nouveaux classements au CSI 5* de… Bâle, en janvier 2018, l’alezane avait disparu des écrans radar en raison d’une blessure tendineuse.

Relancée bien plus tard qu’envisagé, en juillet 2019 par Michel Hécart en épreuves nationales, et le mois suivant en CSI par Julien Épaillard, Toupie de la Roque avait retrouvé son meilleur niveau en indoor, obtenant deux deuxièmes places à 1,50m aux CSI 5* Longines de Villepinte et 5*-W de Malines, avant de gagner le Grand Prix de la ville au CSI 5*-W d’Amsterdam. On en fit alors une prétendante pour les Jeux olympiques de Tokyo, qui ont finalement été décalés d’un an. À nouveau arrêtée, la Selle Français n’a refait parler d’elle qu’en juillet 2021 à Villers-Vicomte, se classant deuxième d’une étape du Grand National avec le Luxembourgeois Victor Bettendorf, beau-fils d’Alexandrine Bonnet Dian et Michel Hécart. Quelques semaines plus tard, elle fut exportée en Belgique, acquise par Mares of Macha, une ambitieuse structure d’élevage, et confiée à Pieter Devos.

À ce moment-là, on imaginait voir la belle Normande concourir une à deux saisons, mais à l’aube de 2024, deux ans et demi plus tard, force est de constater que Toupie de la Roque poursuit sa carrière sportive et qu’elle semble prendre son pied en piste, pour le grand bonheur de son pilote belge, qui en fait désormais sa candidate pour… les Jeux olympiques! Ce Paris-là ne se gagnera pas en un jour, évidemment, mais le couple n’aurait pas pu mieux entamer cette année qu’en s’imposant en Coupe du monde Longines à Bâle. Un Grand Prix doté de 310.000 euros et dont les parcours, au tour initial comme au barrage, se sont avérés sélectifs. Fautifs, mais pas piégeux; techniques, mais pas exagérément exigeants. Même si les forces en présence n’étaient pas du même niveau que le mois dernier au CSI 5* de Genève, dont le Grand Prix fut statistiquement le plus relevé de 2023, il faut cela pour s’en tenir à un taux de 20% de sans-faute. Une équation qu’ont su résoudre le Suisse Gérard Lachat et son assistant olympique Grégory Bodo.

Des trois candidats français, aucun ne s’est glissé dans la liste des finalistes. Première à se mesurer aux difficultés de cet après-midi, Pénélope Leprevost, qui a connu et connaîtra de meilleures fins de semaine, a buté sur les oxers 8 et 11, puis le vertical 13 avec Texas, sacré champion de France Pro Élite en 2022. Seul ce même 13 est tombé au passage de Kevin Staut et d’une Visconti du Telman bien appliquée et en forme deux jours après la victoire du couple dans le Grand Prix Longines qualificatif pour cette ultime confrontation bâloise. Sa treizième place, son sixième classement en neuf étapes disputée, a permis au Normand de consolider sa qualification pour la finale de Riyad, qu’il prévoit de disputer avec la même Visconti. À ce stade, pour la France, seuls Julien Épaillard et lui ont validé leur ticket pour ce sommet printanier. Crédité de huit petits points au classement de la ligue d’Europe occidentale, Roger-Yves Bost aurait bien aimé avancer dans cette quête, mais l’oxer 8 et le maudit 13 l’ont privé de barrage avec Ballerine du Vilpion, qui a pourtant bien sauté malgré tout.



Janika Sprunger marque déjà des points en vue de Paris 2024

Ouvreur de la finale à huit, le Danois Andreas Schou, bluffant au tour initial sur Napoli van het Nederassenthof, dont Jérôme Guéry avait sérieusement déploré le départ en décembre, a fauté sur l’oxer 4a défendant l’entrée du double, se classant finalement cinquième et marquant ses douze premiers points de la saison en Coupe du monde. Formée en Normandie par l’Australienne Amy Graham, la Suissesse Sasha Barthe, qui avait laissé couler des larmes de joie sur son visage après son sans-faute initial sur Essenar High Hopes, a joué la victoire et ne doit pas le regretter, même si ses prises de risque lui ont coûté deux fautes sur le mur 3 et le vertical 4 qui l’ont repoussée à la septième place. C’est en se comportant en championne qu’on devient championne. Deux secondes et demie moins rapide, Pieter Devos a su trouver le parfait compromis, signant le premier double sans-faute tout en maintenant sa Toupie dans un très bon tempo.

Quatre points lâchés “bêtement” dès le premier obstacle ont atténué la joie l’Espagnol Mariano Martínez Bastida, sixième Belano van de Wijnhoeve, mais qualifié pour la finale de Riyad. Qui l’eût cru il y a quatre mois? Quant à l’Allemand Mario Stevens, il a connu une chute quelque peu impressionnante, mais heureusement sans gravité, sur l’oxer 12 avec Starissa, finissant huitième. L’entrée du double a également privé de double clear l’Autrichien Max Kühner et EIC Cooley Jump the Q, assez rapides pour s’octroyer la troisième place, mais mécontent de son équitation. À domicile, la Suissesse Janika Sprunger, qui avait connu une dernière ligne assez décoiffante au tour initial, sa géniale Orelie ayant produit un gros saut sur le 12 et une quatrième foulée inattendue avant de franchir le vertical 13, a cette fois assuré l’essentiel sans tenter le diable, ce qui lui a offert une excellente deuxième place. La paire va désormais se tourner vers l’extérieur, avec le CSIO 5* d’Abou Dabi en ligne de mire. Allemand mais non moins local de l’étape, Hans-Dieter Dreher avait les cartes en main pour gagner une deuxième épreuve dans ce CSI 5*-W après son triomphe de jeudi, mais… il a fauté dès le vertical 9b, deuxième difficulté de ce parcours réduit, avec Elysium, se classant quatrième. Au moins, le quinquagénaire pourra-t-il se consoler avec la validation de son ticket pour Riyad.

Toupie a donc offert un beau succès en Coupe du monde à son longiligne cavalier, un an et demi après l’avoir mené à la victoire dans l’étape londonienne du Longines Global Champions Tour. Lui aussi qualifié pour Riyad, Pieter Devos n’y montra pas sa pépite, mais probablement un cheval plus jeune. À dix-sept ans, voilà Toupie lancée à deux mille tours/minute vers les Jeux olympiques de Paris. Qui l’eût cru il y a trois ans? Bénie soit la glorieuse incertitude du sport!

Les résultats

Toutes les épreuves du CHI-W de Bâle seront à revoir à la demande sur ClipMyHorse.tv

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